Introduction

Par Julien CHARLES

Les professionnels du secteur de l’insertion socio-professionnels sont confrontés à des personnes qui, par définition, sont éloignées de l’emploi. Avec un parcours de formation collectif solide et un accompagnement personnel adapté, les organismes d’insertion font le pari qu’il est possible de les aider à reprendre pied dans la société, à retrouver leur citoyenneté.

Aujourd’hui, les personnes en charge de la formation et de l’accompagnement sont confrontées quotidiennement à des situations qui étaient autrefois marginales : violence conjugale, extrême pauvreté, non-recours massif aux droits, problèmes de santé, assuétudes… Ces professionnels doivent adapter leurs façons de travailler pour prendre en compte ces situations, pour faire avec les stagiaires qui sont là. Souvent, la transmission de connaissances apparaît alors seconde face à la nécessité de soutenir les personnes, de leur rendre confiance. C’est pour mieux comprendre et analyser ce tableau que le numéro du Secouez-vous les idées que vous avez entre les mains a été construit. C’est pourquoi il sera émaillé non seulement de témoignages de stagiaires, recueillis par Marie-France Simon, mais aussi de compte-rendu d’expériences de CISP, synthétisées par Nathalie Damman, qui développent des initiatives pour accueillir les stagiaires dans leur globalité, tels qu’ils sont.

Dans un premier temps, l’article de Myriam Van Der Brempt qui rend compte de sa rencontre avec Paul Timmermans clarifie l’ambition de ce numéro : dénoncer les lourdeurs institutionnelles mais aussi et surtout identifier les marges de manœuvre, les points de rupture, les zones d’autonomie, les espaces où il est possible et plus que jamais nécessaire de contribuer à l’émancipation de personnes exclues de la société salariale.

La deuxième rencontre, avec Christine Mahy, a été menée par Jean-Luc Manise. Elle nous permet, plus concrètement encore, d’identifier quelques postures utiles à ce que les personnes accueillies en formation le soient dignement. Au-delà des gestes à poser par telle formatrice ou tel accompagnateur, elle pointe aussi les responsabilités institutionnelles et politiques. Ensuite, Simon Romain partage quelques repères statistiques, qui permettent d’objectiver les transformations observées par les professionnels. Oui, la population des stagiaires en formation en CISP évolue. Oui, les personnes sont de plus en plus éloignées de l’emploi. Oui, les CISP accueillent de plus en plus de personnes dont les employeurs ne veulent plus. Alors, oui, face à ces publics, le besoin d’accompagnement doit être pris au sérieux plus que jamais.

Dans un tel contexte, il est plus que jamais nécessaire de développer des parcours d’accompagnement centrés sur les personnes concernées plus que sur les cadres institutionnels de telle ou telle institution. Pour y parvenir, Julien Charles, Pierre Démotier, Murielle Norro, Paul Timmermans et Bernard Van Asbrouck montrent les professionnels de l’accompagnement ont besoin de porter collectivement leur métier, de faire en sorte que ce soit l’ensemble du territoire qui accompagne les stagiaires à partir de principes communs.

Du côté des formatrices et formateurs en insertion, ces interrogations sur le cadre de leur intervention sont également prégnantes. L’article de Marie-France Simon permet de nous en donner un aperçu nuancé, à partir de l’interview de trois travailleur.euse.s du CESEP. Si les échanges s’ouvrent par des réflexions autour de la situation des stagiaires, c’est bel et bien leur cadre de travail qui est ensuite discuté.

C’est précisément sur cette dimension organisationnelle que se focalise l’article de Pierre Démotier, qui a interviewé Nathalie Pieroux et Larissa Munsongo du Germoir. Cette analyse montre comment la relation entre stagiaires et équipes de formation/ accompagnement ne peut être dissociée de la façon dont le collectif de travail et l’organisation prennent en charge l’évolution de ce public.

Avec ce tour d’horizon, nous espérons contribuer à une réflexion collective sur les façons d’ajuster les politiques d’insertion et les modes de financement de celles-ci afin qu’elles servent à la fois l’autonomie des publics concernés et contribuent au développement d’une société démocratique et inclusive.

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