Témoignages de participant·es en ISP

Propos recueillis par Marie-France Simon

En automne 2023, des personnes participant à des actions en insertion socioprofessionnelle se sont exprimées sur leur expérience en formation ISP. Les associations qui nous ont ouvert leurs portes sont le Cesep, la Cobeff et Mode d’emploi Namur (initiative d’ISP de Vie Féminine).

Hormis le contenu de la formation, je suis ici pour reprendre des routines et un rythme, être aidé à sortir d’un immobilisme ; de reprendre confiance et d’aller de l’avant, me retrouver. C’est déjà un bon début.

J’avais peur de ne pas tenir le coup avec les trajets, la concentration et le fait de pouvoir emmagasiner les contenus et les informations transmises. Au début, je rentrais et je dormais. J’étais liquidée après une journée. Aujourd’hui, ce n’est plus le cas. Ca va mieux. La motivation était là et m’a permis d’être présente. J’ai senti que cela me faisait du bien et je suis contente de me rendre compte que j’en étais capable. C’est super.

On s’est vite rendus compte qu’on avait tous traversés des situations difficiles et on n’a pu déposer cela dans la bienveillance. Ca nous a permis d’avancer. Pour moi qui ai fait un burn out, cette formation est une étape vers la sortie. C’est préparatoire. C’est une formation de reconstruction pour pouvoir ensuite aller plus loin.

Dans ma formation précédente, je voulais revoir mes compétences en secrétariat car cela faisait 13 ans d’inactivité professionnelle. Et ça ne s’est pas bien passé. J’avais besoin de « savoir être » car le « savoir-faire », je l’ai. Il me manquait un savoir être relationnel. C’est ce qui pêchait jusque-là dans les expériences précédentes. A chaque fois que j’ai tenté de retravaillé, les compétences professionnelles, je les ai. Mais avec le Forem qui vous titille derrière, ce n’est pas facile. Ils n’en n’ont battre du bien-être du travailleur. Tout ce qui les intéresse c’est de pouvoir dire que l’on a trouvé du travail…

Après cette formation, c’est reparti pour un tour à la maison. Je reste dans mon jus. Voir le calendrier de la formation avancer m’amène du stress. Ca me remet devant le vide.

Mon objectif était de rentrer un dossier pour être accompagnée dans la création de mon entreprise. J’ai eu un accident qui ne m’a pas permises de rentrer le dossier. Plutôt que d’attendre les réinscriptions pour la création d’entreprise, je me suis dit que je pouvais m’engager dans cette formation. Je sentais que j’étais sur une pente qui n’était pas idéale et cela pouvait m’aider à sortir la tête de l’eau. Je me sens beaucoup plus apte aujourd’hui à faire les démarches professionnelles, d’introduire des dossiers.

C’était super de voir le regard de mes fils et de les entendre se réjouir que j’avais de nouveau des projets, que je redémarre. Ils trouvent que je vais mieux. Il y a de la fierté et sont moins inquiets. Leur encouragement, ça fait tout.

Je suis institutrice maternelle, je connais les besoins et les émotions, je les ai enseignés. Mais me retrouver là avec une formatrice, c’est comme si j’apprenais pour la première fois. Je suis rentrée chez moi, j’avais l’impression de réparer. Ca m’a fait beaucoup de bien. J’ai envie de dire le plaisir et la joie que j’ai eu à me rendre compte que mon cerveau était encore allumé et reprendre du plaisir à apprendre et comprendre. Me rendre compte que je suis encore capable.

La gratuité de la formation m’a permise de la suivre. Je n’aurais pas pu avancer un centime.

Après le 15 du mois payer mon trajet en train pour venir en formation, c’est vraiment difficile.

Administrativement, d’être dans les conditions d’entrer. Cela n’a pas été de soi de pouvoir obtenir l’accord de ma mutuelle pour assister à cette formation. J’ai dû batailler. J’ai pu venir.

Après le burn out, j’ai suivi des séances de coaching avec une coach spécialisée pendant deux ans. Cela me coutait cher. Mes économies y sont passées. Or, je n’avais plus le même salaire, je n’étais plus dans les mêmes réalités. Cette formation était plus accessible. J’avais besoin d’un module de réorientation pour me réaligner avec moi-même, pour trouver un sens à ce que je faisais. Je cherche le coup de main. J’ai une réelle envie de rebondir sur quelque chose où je me sens bien au quotidien, retrouver un équilibre et du sens au travail pour un salaire adéquat. Sans travail, je pourrais peut-être retrouver un équilibre mais il y a une réalité alimentaire qui est là. Faut quand même bien entrer dans le système.

Je suis obligée de me réorienter vers un autre métier puisqu’à la base, je suis aide-soignante. J’ai eu un trop gros problème de fracture du dos lié à un accident domestique. Suite à cela, j’ai été alitée plusieurs mois. Je ne pouvais plus marcher ni rien. J’ai de séquelles qui ne me permettent plus de porter des personnes âgées. Cela m’a mise dans une dépression énorme car moi, ce que j’aimais dans la vie c’était cela. J’ai été obligée d’arrêter tout. Ca été une épreuve terrible pour moi. Me redéfinir professionnellement à cause de ces problèmes de santé qui évoluent avec les années, c’est très difficile. La situation fait que je suis vite fatiguée, que je me déconcentre vite, que j’ai du mal à assimiler les choses, j’oublie beaucoup de trucs.

Je suis tellement concentrée en journée pour faire ce qu’il faut avec les cours que quand j’arrive à la maison et que je m’assieds dans le fauteuil à 19h ou 19h30, je m’écroule comme si j’avais fait un marathon. Le cerveau accumule. Certains jours, je craque avec la fatigue liée à la concentration. Je pleure ou je respire un bon coup. J’extériorise quand je suis chez moi. Ça m’est arrivé une fois pendant la formation, j’ai craqué. C’est sorti. Je n’aurais pas su faire autrement. Il fallait que cela sorte sinon j’aurais été encore plus mal et ce n’est pas le but. C’est peut-être lié à ma maladie.

S’il n’y avait que la formation, cela irait mais il y a un parent malade, le compagnon et les parents du compagnon… et le reste… puis à un moment on craque. Parfois, venir en formation ça repose.

J’ai envie de tenir bon. J’aimerais bien qu’au bout de la formation, j’ai du concret. Un boulot qui permette de me sentir bien et être à l’aise financièrement, de pouvoir vois les futurs événements à venir un peu plus sereinement.

Remplacer à tout bout de champs de collègues et faire du sept sur sept ou des 12 heures d’affilée, je n’en peux et n’en veux plus. Il y a des lois pour cela. Je pense que les lois et les règles devraient être beaucoup plus respectées. Dans ma carrière, j’ai tellement de boîtes où l’on exploite ou maltraite les employés. En tant que manager, on m’a demandé de faire des choses qui ne sont pas correctes. Je voudrais trouver un travail qui respecte les travailleurs.

Je n’étais pas certaine d’avoir la place car il y avait plusieurs candidats. J’ai prié pour avoir une place. Je ne voulais pas rester à la maison sans rien faire. J’en avais ras-le-bol. Chez Actiris, on m’a proposé de faire de l’informatique mais ça ne m’intéresse pas du tout. Je voulais quelque chose d’actif. J’ai toujours travaillé dans le nettoyage et je voulais continuer dans cette branche. Actiris vous propose d’aller vous former. On commence à travailler avec des images pour choisir le métier de rêve ; vérifier si vous êtes capable, vouloir, savoir… Ensuite, on se faisait dire qu’il fallait attendre que l’on nous rappelle dans quelques jours. J’en avais marre. J’ai quand même beaucoup d’expérience dans le nettoyage. Continuer à apprendre c’est une bonne chose. Mais là, cette histoire d’images etc., c’était une perte de temps. Je voulais être active.

Quand j’étais à la maison. Je suis restée 8 ans sans activité professionnelle à m’occuper de mes enfants. Je ne me sentais pas utile à la société. Quand j’ai commencé la formation, je me suis rendue compte que j’étais capable de réaliser de grandes choses. Cette formation était comme un nouveau départ pour moi. J’étais très contente de la démarrer.

Je me sentais très bien en étant mère au foyer. Les enfants grandissent et à ce moment-là, je me suis dit que je ne faisais rien de ma vie. C’est -là que j’ai eu un déclic. Je me suis dit que je pouvais faire énormément plus et ne pas me consacrer uniquement à ma maison. Je suis capable de donner aussi à la société, me sentir utile. C’est là que j’ai appelée pour la formation et donc reprendre là où j’avais arrêté, après mes secondaires.

Un jour à l’école, les enfants devaient présenter leur famille. Mon fils a dit que son papa était enseignant et que sa maman ne faisait rien. Cela m’avait énormément touchée et m’a réveillé. Alors que cette année, la prof m’a dit que mon fils était très fier que sa maman ait repris des études. Cela n’est pas facile de suivre le rythme. Je me lève à 6 heures, je sors à 7 heures pour venir en formation. Parfois, je ne vois même pas mes enfants. Ce n’est pas toujours évident mais je me suis lancée, je vais jusqu’au bout. Il y a la motivation de savoir où l’on va.

Si ça tenait à mon mari, je ne serais pas là. Il me disait de me reposer et qu’il y avait beaucoup de choses à faire à la maison. Mais je préfère travailler et gagner mon salaire et être indépendante. Apprendre aussi.

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